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Broyer du rose

Project accompagnant Mémoire de maîtrise

Maîtrise en arts visuels et médiatiques, UQÀM, 2013

 

Broyer du rose est un aboutissement organisé, une synthèse des sphères de recherches effectuées lors de mon parcours à la maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’UQAM. Un moment figé dans le temps : un bout de mon histoire à moi.

Je propose au public d’accéder à une brèche donnant sur mon univers de récits anecdotiques. Ces derniers sont racontés et mis en scène par le détournement humoristique d’un inventaire de codes culturels et signalétiques. Dans une dynamique de l’œuvre disséminée en art contemporain, l’exposition présentée à la Maison de la culture Côte-des-Neiges à Montréal constitue mon projet de fin d’étude. Broyer du rose se déploie en trois parties distinctes et le présent chapitre permet à la fois au lecteur d’en saisir davantage les enjeux formels, mais également d’avoir accès au cœur même des différentes sources personnelles et intimistes d’où émane mon émerveillement.

Le titre de mon projet est non seulement un détournement, mais également une fusion que j’ai opérée entre les expressions « Broyer du noir » et « La vie en rose ». La signification courante de la première réfère à la mélancolie et à la tristesse, alors que la seconde, faisant écho à la chanson popularisée en 1945 par Édith Piaf, est porteuse d’optimisme, de tendresse et de romantisme. Broyer du rose illustre alors un mélange à la fois d’expressions et d’œuvres Pop, populaires et popularisées. Ce trio de mots a une très large portée, disons-le, car il incarne une volonté que j’ai développée au fil des années visant à évacuer le noir, surtout le noir broyé, au sein de ma vie quotidienne.

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Warrior la guerrière

Un tantinet timide sur la question, j’ai choisi au final de l’écrire ici et de partager le fait que ce personnage semblant faire le guet, de sa posture assurée au sein de mon projet de fin d’études, représente en réalité, un autoportrait. Ce mannequin arborant des attributs s’apparentant aux costumes et uniformes de l’univers des super-héros, constitue en fait le tout premier autoportrait que je réalise. Rendue à ce point de mon cheminement artistique il était impératif pour moi de le présenter. Warrior la guerrière est une représentation de l’image que j’ai de moi-même, prédominante au sein de mes réflexions depuis que j’envisage la réalisation d’un tel exercice. Je suis une guerrière, un samouraï, un warrior du coeur, tant dans les sphères personnelle que professionnelle de ma vie. Mon principal super pouvoir est que j’ai, avec les années, développé une grande aptitude à deviner, anticiper et combler les besoins d’autrui. Aussi, je décris souvent ma singulière générosité comme étant à la fois ma plus grande qualité et mon pire défaut (parce que je me vide, parfois, de moins en moins plus je grandis, à trop donner). Puis, une nuit d’Halloween, il m’est arrivé de traverser un océan par les voies du ciel, sans cape, mue par la seule force immense de l’Amour. Continuellement dans mes pensées, Superman est définitivement mon super-héros favori. Toute petite, rivée sur la télévision, je ne ratais aucun épisode du Village de Nathalie, une émission québécoise fantaisiste proposant chaque semaine un univers farfelu et magique rempli de personnages vivants et colorés. Gros bon sens était l’un d’entre eux, le super-héros jaune et bleu qui accourait à la rescousse de ses amis lorsqu’appelé à l’aide d’une montre jaune. Gros bon sens a très tôt fait de stimuler mon imagination à l’égard de l’univers des super-héros et je me souviens encore très bien aujourd’hui, lorsque qu’un mardi, à la pharmacie, j’ai demandé à papa de m’acheter ma toute première montre, une montre Casio, de couleur jaune.

Un panneau jaune avec un grand coeur

Grâce à mes travaux antérieurs relevant de l’univers de la signalétique, j’ai réalisé une immersion dans les rouages d’une convention de l’espace public, d’un code rigide, fixe, normalisé, rigoureux et universel que j’ai détourné. Mes recherches m’ont menées à utiliser de véritables panneaux en aluminium avec pellicule phosphorescente comme support pour mes tableaux. Ne détenant à ce jour pas de permis de conduire, les panneaux de signalisation représentent pour moi un abécédaire de signes, un répertoire de formes, un code, bref un langage présent depuis toujours dans mon quotidien. Le panneau jaune en forme de losange attire l’attention du conducteur, il indique, il guide, il suggère. La culture populaire a depuis longtemps fait du coeur un véritable emblème, un signe muni d’une grande charge symbolique. J’affectionne beaucoup cette forme (ayant la possibilité d’être générée par une formule mathématique!) qui, au fil du temps, est devenue pour moi un véritable logo. Aussi, je définis souvent ma vie affective comme étant le pôle de mon bien-être. Je suis captivée par l’amour, le romantisme et le romanesque et je considère que l’amour est un sentiment trop grand, trop important et trop précieux pour n’être vécu qu’à moitié. Du coup, je me la joue comme dans les films, le plus possible, une sauce hollywoodienne à l’eau de rose.

Une paire de Père Noël

Le Père Noël en plastique illuminé est un autre des objets que j’affectionne.

Je rêvais d’avoir en ma possession un tel élément depuis de nombreuses années et finalement, en 2011 environ, la vie en a mis un sur ma route, d’une très belle et grande façon. Je perçois ce dernier comme un jouet géant, un objet kitsch plus grand que nature, presque trop grand pour rien et je considère que le fait qu’il soit ainsi illuminé, en fait en quelque sorte une enseigne lumineuse. Noël, à la maison, d’aussi loin que je me souvienne, a toujours été un moment privilégié, un moment entre parenthèses où nous avions la chance d’être réunis, papa, maman, mes petits frères

Claude, Daniel et moi, simplement dans l’amour. Depuis mon arrivée dans la Grande ville, j’ai surnommé la maison familiale (Ville-Marie, Abitibi-Témiscamingue) mon

« Nid d’amour infini ». La fête de Noël, malgré le fait qu’elle soit devenue le grand bal de surconsommation que nous connaissons aujourd’hui, est pour moi synonyme de ces instants où je me retrouve plongée simplement dans tout cet amour infini. Lors de mon passage à Ville-Marie pour les festivités de cette année, j’ai eu la chance d’être la spectatrice de la popularité, toujours extrêmement actuelle, de cet objet mythique popularisé vers les années 60-70 qu’est le Père Noël en plastique; les terrains et allées des nombreuses maisons unifamiliales en regorgeaient! J’ai récemment croisé dans la vitrine d’un petit bazar à Montréal près de chez moi, un second Père Noël illuminé, identique au mien, même

Le grand cheval présent dans Vous êtes ici/You are here est Coriandre, alors que le tout petit est Mon-Cheval, mon objet favori d’entre tous. Nous avons vécu ensemble lui et moi une longue histoire, une équestre épopée, lors de la réalisation d’un acte performatif dans le cadre de mes études à la maîtrise en 2013. Je me l’étais, à cette époque, procuré par le biais des petites annonces, ainsi que quatre autres chevaux en plastique, portant ainsi à cinq le nombre de membres composant mon manège. J’ai encore à ce jour toutes ces montures équines en ma possession, à la maison. De ce nombre, deux chevaux figurent dans mon exposition illustrant ce lien particulier qui unit un parent et son enfant : un grand cheval et un plus petit, ensemble, pour une autre paire. Au fil du temps, des années et des rencontres (surtout des rencontres), j’ai pu réaliser à quel point j’étais privilégiée d’entretenir cette si forte, si belle et si douce relation avec mes parents. Papa et maman représentent beaucoup pour moi. Ils croient en moi et me connaissent. Je me réjouis à la fois d’avoir la chance de faire leur connaissance au fil du temps qui passe et de vivre de touchants rapprochements avec eux, alors que je deviens de plus en plus adulte.